Photo: Julie Boulé
Avertissement - Ce texte a été écrit lors d’un atelier de 90 minutes (dont je ne me souviens malheureusement plus le thème) et n’a pas été retouché. Il a seulement été tapé tel qu’il a été écrit.
Mais le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il est un peu hallucinatoire... Tamisez les lumières et imaginez la scène...
Insomnie
3 heures du matin. J’ai sommeil, mais je ne puis dormir. Une cigarette peut-être, même si on dit que c’est un excitant. On s’en fout, il m’en faut une. Et un café aussi. Avec du scotch.
Le son de l’eau tombant dans la bouilloire de métal semble amplifié, peut-être à cause que c’est le premier bruit que j’entends depuis quelques heures. J’imagine que je suis un géant et que les gens confondent tous les bruits que je fais avec celui du tonnerre. Mes pas créent des secousses sismiques énormes. Je branche la bouilloire, et les lumières de la ville diminuent d’intensité. Les réserves de tout un pays sont enfermées dans mon pot de café. Mille vaches ont travaillé à la production du nuage de lait que je m’apprête à verser.
Ce sifflement. Est-ce celui du vent ou bien celui de la bouilloire?
La mixture est préparée, le brasier, allumé. Une forêt brûle dans le corps du géant, laissant échapper de grands cercles de fumée par sa bouche. Il faut donc combattre le feu par le feu. La brûlure se fait sentir jusqu’au bout des doigts. Le café scotch agit. On recouvre le tout d’un autre nuage de fumée, et ainsi de suite jusqu’à ce qu’il ne reste ni feu, ni feu.
Des ombres bougent sur le mur. Des petits bonhommes en ombres chinoises se déplacent, parlent et rient en me pointant du doigt. L’un d’eux court sous la fenêtre et se rend jusqu’au coin du mur. Plié en deux, dans le coin, on dirait qu’il va applaudir. Puis il repart à courir, en riant comme un enfant. Mais je ne comprends pas pourquoi il rit ainsi. Il court jusqu’à la lampe veilleuse où il se dissout au contact de la lumière. J’ai réellement l’impression que la lumière a faibli à cet instant. Les autres petits bonhommes rient derrière moi. Je me retourne, mais de Tom Pouce qu’ils étaient tout à l’heure, ils font bien maintenant 2 mètres 50, le haut de leurs têtes se pliant à 90 degrés pour épouser la forme du plafond.
Ils tendent vers moi des mains carnivores qui m’agrippent de toutes parts. Je ne les sens pas, je ne sens aucune pression, mais pourtant, je ne peux bouger. Ils m’attirent vers la lampe veilleuse où le petit bonhomme s’est suicidé en riant. Ma propre ombre se dissout à l’approche de cette lumière, et je remarque que mon corps devient transparent. Mon ombre disparue, il ne reste plus rien de moi. Mais je ne suis pas un fantôme.
Je suis maintenant l'ombre du papillon de nuit que vous voyez voleter près des lampadaires.